4

Evan ne s’était jamais senti si seul. Il fut parcouru par un frisson mais s’efforça de garder son calme. Il devait trouver Carrie et son père. Il avait laissé des messages à Carrie ; elle appellerait sûrement bientôt. Il n’en revenait pas qu’elle ait démissionné et une sensation de nausée lui nouait l’estomac. Elle t’a laissé un mot, a quitté son boulot, peut-être qu’elle ne veut plus rien avoir à faire avec toi. Il refusa d’envisager cette possibilité et se concentra sur la recherche de son père. L’itinéraire, retranscrit dans l’écriture serrée et précise de son père, ne se trouvait pas à sa place habituelle, sur le réfrigérateur, mais avait été retrouvé plié sous le téléphone. Le numéro de l’hôtel Blaisdell à Sydney y figurait.

« La chambre de Mitchell Casher, s’il vous plaît », demanda Evan.

Le réceptionniste de nuit – il était presque quatre heures du matin à Sydney – répondit d’un ton agréable mais ferme.

« Désolé, monsieur, mais nous n’avons aucun client de ce nom.

— Vérifiez encore s’il vous plaît. C-A-S-H-E-R. Peut-être qu’il y a eu une erreur et qu’il a été enregistré sous le nom de Mitchell. »

Une pause.

« Je suis vraiment désolé, monsieur, nous n’avons pas de Mitchell Casher.

— Merci. »

Evan raccrocha. Il regarda Durless.

« Il n’est pas où il est censé être. Je n’y comprends rien. »

Durless prit l’itinéraire.

« Nous le retrouverons. Allons faire cette déposition et cette description tant que vos souvenirs sont encore frais. »

Encore frais… Je ne risque pas d’oublier, pensa Evan. Il se pencha en arrière et regarda les nuages couleur de fumée à travers la lunette arrière de la voiture de police tandis qu’ils s’éloignaient de la maison. Son esprit était pris dans un étrange tourbillon de panique et d’émotions. Il se demanda où il passerait la nuit. À l’hôtel. Il allait devoir appeler les amis de la famille ; mais ses parents, malgré leur réussite, avaient eu tendance à réduire au minimum leur cercle de connaissances. Il allait devoir organiser l’enterrement. Il se demanda combien de temps il faudrait à la police pour pratiquer l’autopsie. Il se demanda quelle église choisir pour les funérailles. Il pensa aux derniers instants de sa mère. Avait-elle compris ? Avait-elle souffert ? Avait-elle eu peur ? C’était ça, le pire. Les assassins étaient peut-être arrivés par-derrière, comme ils l’avaient fait avec lui. Il espérait qu’elle ne s’était rendu compte de rien, qu’elle n’avait pas été paralysée par une effroyable terreur.

Il ferma les yeux, essaya de raisonner sans se laisser submerger par la douleur. Sans quoi il risquait de craquer. Il lui fallait un plan d’attaque. Primo, retrouver son père. Contacter ses clients de la région afin de voir s’ils savaient pour qui il travaillait en Australie. Secundo, retrouver Carrie. Tertio… il ferma les yeux. Tirer un sens de ce cauchemar et découvrir qui souhaitait la mort de sa mère.

Mais ils ont consulté ton ordinateur. Et s’il ne s’agissait pas d’elle ? S’il s’agissait de toi ? Cette idée lui glaça le sang. Puis elle le rendit furieux avant de l’anéantir.

La voiture de police était conduite par l’agent qui avait répondu au premier coup de téléphone, Durless était assis côté passager. Ils quittèrent le paisible quartier aux petites maisons restaurées dans lequel vivaient les Casher et s’engagèrent dans Shoal Creek Boulevard, une longue artère qui serpentait à travers le centre et le nord d’Austin.

« C’était une mise en scène, dit Evan, s’adressant en partie à lui-même.

— Pardon ? demanda Durless.

— Une mise en scène. Les tueurs ont assassiné ma mère, puis ils allaient me pendre pour faire croire à un suicide. Comme ça, vous auriez tout d’abord cru que je l’avais assassinée avant de me tuer à mon tour.

— On aurait tout de même creusé un peu plus que ça.

— Mais ç’aurait été votre théorie initiale, la plus évidente. »

Le téléphone d’Evan sonna dans sa poche. Il répondit.

« Evan ? »

C’était Carrie.

« Carrie, oh, mon Dieu, j’essaie de te contacter depuis…

— Écoute. Tu cours un danger. C’est sérieux. Tu dois aller voir ta mère puis revenir à Houston. Immédiatement.

— Ma mère est morte, Carrie. Elle est morte.

— Evan. Oh, non. Où es-tu ?

— Avec la police.

— Bien. C’est bien. Reste avec eux. Chéri, je suis désolée. Réellement désolée.

— De quel danger voulais-tu parler ? demanda-t-il tandis que les premières paroles de Carrie résonnaient dans sa tête. Qu’est-ce que tu sais de toute cette histoire ? »

Soudain une Ford bleue les dépassa, leur fit une queue-de-poisson et s’arrêta en dérapant, forçant la voiture de police à s’engager sur une pelouse impeccable. « Bordel de merde ! » hurla Durless tandis qu’un coup de frein l’envoyait percuter le pare-brise. Evan, qui n’avait pas bouclé sa ceinture de sécurité, fut propulsé contre le siège avant et lâcha son téléphone.

Il regarda à travers le pare-brise tandis que Durless ouvrait la portière côté passager tout en jurant comme un putois.

De l’autre côté du pare-brise, le type chauve descendit de la Ford bleue, leva son fusil de chasse, le braqua droit sur Evan.

Panique
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